Utiliser un Dispositif d’aide à l’allaitement (DAL)

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Compléter l’allaitement avec un DAL au sein

De nombreuses mères estiment, à tort ou à raison, qu’elles ne produisent pas assez de lait pour leurs bébés et finissent par donner des suppléments de lait humain issu de dons ou de préparation pour nourrissons. Leur conviction débute généralement immédiatement après la naissance car, dans trop de maternités, les « règles » entraînent une supplémentation inutile, ce qui amorce un cercle vicieux vers une supplémentation de plus en plus importante. Et dans de nombreux cas, si le bébé est complété avec un biberon, il peut tôt ou tard rejeter complètement le sein et continuer uniquement avec des biberons. Pour éviter les biberons, on peut utiliser un DAL au sein pour donner les compléments. La photo 1 ci-dessous montre un bébé qui reçoit un complément au sein avec un DAL. La photo est arrangée afin de montrer le récipient que nous utilisons pour mettre le complément. Grâce à un long tube (91 cm ou 36 pouces), ce que nous utilisons habituellement, le récipient peut être placé sur une table à côté, ou maintenu en place dans les vêtements de la mère.

How to supplement without using a bottle

Photo 1 : DAL au sein, utilisé pour compléter un bébé lorsqu’il ne semble pas obtenir suffisamment de lait au sein et que les autres techniques n’ont pas fonctionné. L’allaitement ne se résume pas au lait maternel, c’est une relation, étroite et intime, aussi bien physique qu’émotionnelle. Une façon d’aider les mères à préserver l’allaitement même lorsque le bébé n’obtient pas assez de lait au sein, c’est d’utiliser un DAL (qui est différent du SNS – Système de Nutrition Supplémentaire – et fonctionne mieux) pour donner les compléments au sein.

A mother supplementing a baby with a lactation aid at the breast.

Photo 2 : Avec un long tube (91 cm ou 36 pouces), l’endroit où la mère dispose le récipient peut varier, selon ce qui est le plus pratique.

Pourquoi est-ce mieux de donner les compléments au sein à l’aide d’un DAL ?

• Les bébés apprennent à téter en tétant : est-ce là une idée si radicale ?
• Les mères apprennent à allaiter en allaitant : une autre idée radicale ?
• Le bébé continue à obtenir du lait du sein même lorsqu’il reçoit le complément. C’est important, car cela aide à augmenter la lactation de la mère.
• Si le DAL est utilisé correctement, le bébé ne rejettera pas le sein. Le rejet du sein est très probable lorsque les compléments sont donnés de manière fréquente loin du sein.
• Il y a bien plus dans l’allaitement que du lait. L’allaitement maternel est une relation physique et émotionnelle étroite entre deux personnes habituellement pleines d’amour l’une pour l’autre.

Mais le DAL est difficile à utiliser

Ce n’est pas vraiment vrai, ou plutôt, devrais-je dire, cela ne devrait pas être vrai, car je sais que beaucoup de femmes ont trouvé cela difficile. Je reviendrai sur cette question plus tard dans la discussion.

Pourquoi tant de mères commencent-elles à donner des biberons dans les tout premiers jours, parfois même le jour de la naissance du bébé ?

Dans la plupart des cas, les mères ne veulent pas donner de biberons de lait artificiel mais sont sous pression de l’équipe soignante pour le faire. Pourquoi ?

1. On s’inquiète d’une hypoglycémie chez le bébé. Trop souvent, la glycémie est mesurée sans raison valable et, trop souvent, on commence à donner des compléments parce que trop de médecins ou d’infirmières ne comprennent pas qu’il est normal que la glycémie du bébé diminue immédiatement après la naissance. Pour les bébés à haut risque d’hypoglycémie, il existe des solutions autres que le lait artificiel.

2. Une autre raison à la supplémentation précoce est que le bébé a des niveaux de bilirubine plus élevés que la moyenne.

3. Encore une autre raison, peut-être la plus courante, est que le bébé a perdu 10 % ou plus de son poids de naissance. Cette façon de faire est non seulement inutile, mais elle conduit de plus à une supplémentation qui n’est pas nécessaire, tout en convainquant la mère qu’elle ne produira pas assez de lait même lorsque la montée de lait aura eu lieu.

4. Une autre raison courante est que la mère a des mamelons douloureux, si douloureux qu’elle ne peut pas mettre le bébé au sein. La réponse aux mamelons douloureux, c’est la prévention, mais aussi d’aider la mère à obtenir la meilleure prise de sein possible. Si la mère a déjà mal aux mamelons, l’approche consiste à améliorer la prise de sein du bébé. Les mamelons douloureux sont presque toujours dus à une prise de sein qui n’est pas optimale. Il y a généralement pour les bébés une meilleure façon de prendre le sein que celle qu’ils utilisent habituellement). Une meilleure prise de sein peut faire une énorme différence dans la prévention et le traitement des mamelons douloureux. Aider le bébé à obtenir plus de lait dans les premiers jours, avec une meilleure prise de sein, ceci couplé à la compression du sein, peut diminuer le temps passé au sein, et un écoulement plus rapide du lait améliore la prise de sein du bébé. De ce que nous disent les mères, je crois que lorsque la mère éprouve une douleur intense dès la première fois où elle met son bébé au sein, c’est qu’il a un frein de langue.

Alors, comment faire avec un bébé qui n’obtient pas assez de lait au sein et dont la mère a des mamelons douloureux ?

1. Obtenir la meilleure prise de sein possible. Cela permettra de traiter la grande majorité des problèmes pour lesquels les bébés sont complémentés, même après les premiers jours. Y compris les mamelons douloureux de la mère.

2. Surveiller que le bébé boit au sein. La pause faite par le menton du bébé est la meilleure façon de savoir si le bébé reçoit du lait. Plus la pause est longue, plus le bébé reçoit de lait. Ce bébé tétouille la plupart du temps et ne reçoit donc pas beaucoup de lait. On conseille à de nombreuses mères de ne donner qu’un sein par tétée à leur bébé afin qu’il reçoive le « lait de fin de tétée » riche en matières grasses, mais cela n’a aucun sens, car si le bébé ne boit pas, il ne reçoit pas de lait, sans parler de « lait riche en matières grasses ».

3. Lorsque le bébé ne boit plus beaucoup, et avant qu’il ne devienne somnolent, la mère devrait utiliser la compression du sein pour que le bébé continue à boire. Les bébés ont tendance à s’endormir au sein lorsque le débit de lait est lent, surtout lorsqu’ils ont moins de 2 mois, et, lorsqu’ils sont plus âgés, à s’éloigner du sein lorsque le débit de lait ralentit, bien que de nombreux bébés fassent les deux à différents moments, que certains très jeunes bébés se retirent du sein et que certains plus vieux s’endorment.

4. Une fois que les compressions du sein ne fonctionnent plus, la mère devrait changer de côté et répéter les étapes des points 1 à 3. Seulement, le bébé ne doit pas s’endormir profondément au sein. Lorsque le débit de lait est lent, les bébés ont tendance à s’endormir au sein, non pas parce qu’ils sont fatigués, mais parce qu’ils réagissent au débit de lait. Si le débit est lent, ils ont tendance à s’endormir. Les bébés plus âgés ont tendance à se retirer du sein lorsque le débit ralentit. Mais supposons, par exemple, que le bébé ait reçu 80 % de sa ration du premier côté. S’il s’est profondément endormi du premier côté, il peut être « presque plein », et ne pas se réveiller pour prendre l’autre côté. Changez de côté avant que le bébé ne dorme, lorsque même les compressions ne lui apportent plus une quantité importante de lait maternel.

5. Selon la capacité du bébé à boire ou non, une supplémentation peut être nécessaire ou non. Certains bébés boivent suffisamment bien pour ne pas avoir de problèmes immédiats, mais pas assez pour être sûrs de prendre correctement du poids. Dans de tels cas, il convient de laisser au bébé le temps de se retourner et de prendre du poids avant de recommander une supplémentation.

6. Si après les points 1 à 5, on pense que le bébé devrait recevoir des compléments, cela devrait être fait au sein avec un DAL. Voir la vidéo ci-dessous.

 

Certes, certaines mères ont de réels problèmes à utiliser le DAL au sein

Certaines mères ont du mal à l’utiliser, qu’il s’agisse de la version fabriquée (Système de Nutrition Supplémentaire ou SNS) ou de notre version « faite maison ». Je pense cependant que la plupart du temps, la version « faite maison » fonctionne mieux que le SNS.

À la base, le DAL fonctionne très bien, et tout le processus prend moins de temps qu’une tétée aux deux seins suivie d’un biberon. Mais pour que le DAL fonctionne bien, le bébé doit avoir une bonne prise de sein, et le tube doit être au bon endroit. Voir la vidéo ci-dessus. Notez cependant qu’un bébé avec un frein de langue n’a pas une bonne prise de sein, peu importe de quoi elle a l’air de l’extérieur.

Certaines mères ont du mal à placer le tube au bon endroit, surtout lorsqu’elles ont déjà du mal à mettre le bébé au sein et/ou qu’elles n’ont pas d’aide pour l’utiliser. L’aide d’une autre personne, au moins les premières fois, peut faire toute la différence. Avec le temps, cela devient facile quand la mère « pige le truc ». Alors, de quoi se plaignent les mères au sujet du DAL en dehors de la difficulté à le faire fonctionner ?

1. Cela prend trop de temps. C’est une variante de la mère qui n’arrive pas à le faire fonctionner du tout. Le tube est dans la bouche du bébé et le bébé est au sein ; pourtant, la mère dit qu’il faut une heure au bébé pour prendre 30 ml (1 oz) de complément. Cela fait une très longue tétée et j’admets que quelque chose ne fonctionne pas comme il faudrait. Entre parenthèses, l’utilisation d’un tube long de 15 pouces (38 cm), au lieu d’un tube de 36 pouces (91 cm), comme c’est souvent le cas, rend également cette opération fastidieuse alors qu’elle ne devrait pas l’être. Alors, pourquoi est-ce que cela prend trop de temps ?

La mère n’essaie d’utiliser le tube qu’une fois que le bébé a complètement « vidé » le sein. Bien que je puisse comprendre les raisons pour lesquelles elle essaie d’extraire la dernière goutte du sein avant d’insérer le tube, le problème est que le bébé va souvent s’endormir rapidement et lâcher le sein si la mère attend trop longtemps pour insérer le tube ou, dans le cas du SNS, pour ouvrir la valve qui laisse passer le complément. Il n’est pas nécessaire d’essayer de vider jusqu’à la dernière goutte du sein avant d’utiliser le DAL. En effet, je recommande à la mère de l’utiliser le plus tôt possible, mais pas dès le début de la tétée, sauf dans des situations exceptionnelles (par exemple, lorsque le bébé ne prend le sein qu’avec le tube en place ou qu’il s’éloigne du sein très rapidement après l’avoir pris). La mère donne le premier sein au bébé jusqu’à ce qu’il ne boive que par intermittence, même avec la compression, puis change de côté.

Lorsque le bébé ne boit plus que par intermittence du deuxième côté, même en utilisant la compression, la mère insère le tube. Si le bébé se retire du sein, la mère peut essayer de le mettre au sein avec le tube en place et, par conséquent, sur le sein et le tube en même temps. Le bébé, si la prise de sein est bonne, continuera à obtenir le lait de sa mère, même s’il reçoit un complément en même temps. Un bébé qui tète vraiment bien n’aura pas besoin d’un DAL du tout. Si le bébé qui reçoit les compléments ne boit bien que pendant un court moment des deux côtés, il peut être nécessaire de le compléter après avoir essayé différentes méthodes pour qu’il obtienne plus de lait, comme indiqué ci-dessus. La tétée complète ne devrait pas durer plus de 30 à 45 minutes, peut-être une heure, mais certainement pas deux heures.

2. Les mères hésitent souvent à utiliser le DAL lorsqu’elles sont en public. Personne n’est surpris qu’un bébé reçoive un biberon alors que ses parents sont au restaurant ou au centre commercial, par exemple, et on demande rarement à une mère pourquoi elle donne le biberon à son bébé. C’est normal de nourrir un bébé avec un biberon, non ? Mais si une mère utilise un DAL, elle craint d’être un spectacle et qu’on lui demande pourquoi elle fait cela et ne donne pas simplement un biberon. Beaucoup de mères qui se débrouillent très bien avec le DAL à la maison ont refusé de l’utiliser en public. Mais je pense que ce serait une très bonne façon d’éduquer les autres sur l’importance de l’allaitement et du sein pour le bébé. Si on leur pose la question, les mères peuvent dire : « J’ai besoin de lui donner des compléments et comme je ne voulais pas donner le biberon, je donne les compléments de cette façon afin de maintenir l’allaitement et d’éviter qu’il ne refuse de prendre le sein. »

Avoiding nipple confusion.

Photo 3. Cette mère doit compléter son bébé. Elle a donné les compléments en utilisant un DAL.
Sur cette photo, elle est dans un restaurant. Si un étranger le lui demandait, elle pourrait dire :
« Je veux continuer à allaiter, mais je ne produis pas assez de lait. Ce gadget me permet de continuer à allaiter
parce que donner un biberon peut amener mon bébé à refuser de prendre le sein. »

3. Le DAL empêche la lactation d’augmenter. Je dois dire que je ne comprends pas cette idée. Le bébé prend toujours le sein et boit donc toujours du lait maternel même s’il n’y en a que de petites quantités, ce qui peut permettre d’augmenter la lactation. Il est vrai que le bébé peut téter moins souvent, mais ce n’est peut-être pas une mauvaise chose  c’est peut-être parce qu’il reçoit plus de lait maintenant. Cette idée erronée reflète l’enseignement qui a toujours été donné au sujet de l’allaitement maternel : « Plus le bébé tète, plus il y aura de lait ». Ce n’est pas vrai. La vérité est que plus le bébé boit de lait au sein, plus il y aura de lait.

 

Traduction de Using a lactation aid to supplement

Dr Jack Newman, MD, FRCPC © 2017, 2018

Version française, janvier 2019, par Vanessa Lasne, animatrice LLL.

Peut être copié et diffusé sans autre autorisation, à condition qu’il ne soit utilisé dans aucun contexte où le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel de l’OMS est violé.