La lactation induite
Feuillet du Dr Newman sur la lactation induite
Une personne peut souhaiter induire une lactation si :
- elle adopte un bébé
- elle fait appel à une mère porteuse pour son bébé
- elle entretient une relation avec une femme enceinte qu’elle souhaite aider à allaiter
- une autre relation, souvent transgenre, où l’un des partenaires ou les deux souhaitent allaiter.
Comment une personne qui n’a jamais été enceinte peut-elle allaiter ?
À la base, notre approche vise à faire croire au corps de la personne qui induit une lactation qu’elle est enceinte.
Pendant la grossesse, le milieu hormonal du corps se compose :
- de hauts niveaux d’œstrogènes
- de hauts niveaux de progestérone
- de hauts niveaux de prolactine
- de hauts niveaux d’hormone chorionique gonadotrope humaine (hCG)
- de hauts niveaux d’autres hormones
Le taux de ces hormones commence à monter dès le début de la grossesse. Chacune d’elle a son rôle à jouer dans la préparation des seins à produire du lait, la production de lait commençant autour de 16 semaines de grossesse.
Si une personne a déjà allaité, cela augmente la possibilité qu’elle produise suffisamment de lait, sans que ce soit certain. Certaines personnes induisant une lactation ont réussi à produire tout le lait dont le bébé avait besoin, mais je pense que ce n’est pas le cas de la majorité.
Et si je n’arrive pas à produire tout le lait dont le bébé a besoin ?
Ce serait bien d’y arriver, mais n’oubliez pas que l’allaitement, c’est beaucoup plus que du lait. C’est une relation, une relation physique et émotionnelle étroite entre deux personnes qui généralement s’aiment. De plus, l’allaitement aide à développer cette relation affective étroite.
Si vous n’arrivez pas à produire tout le lait dont le bébé a besoin, vous pouvez, et nous vous recommandons de le faire, compléter le bébé au sein avec un dispositif d’aide à la lactation. Comme montré dans la vidéo ICI
Les compléments peuvent inclure du lait humain provenant d’un don [Ndlt : au sujet du don de lait informel voir cette page] ou du lait artificiel. S’il vous plaît, ne payez pas pour du lait de donneuse. On rapporte de nombreux incidents à propos de mères recevant du lait humain frelaté (habituellement coupé avec des préparations commerciales pour nourrissons ou du lait de vache). Vous trouverez des informations sur la façon d’obtenir des dons fiables sur ce site.
Les médicaments et la méthode
Dans notre consultation, nous commençons généralement par donner à la personne voulant induire une lactation une pilule contraceptive combinée (qui lui apporte à la fois de l’œstrogène et de la progestérone) ainsi que de la dompéridone, qui augmente les niveaux de prolactine.
En théorie, la pilule contraceptive combinée devrait avoir des niveaux plus élevés de progestérone, mais ça, c’est la théorie, et le choix de telle ou telle pilule contraceptive combinée ne fait probablement pas une grande différence. Si la plaquette de pilules contient des placebos (c’est-à-dire des « pilules de sucre » ou des pilules sans aucun effet), la personne qui induit une lactation ne devrait pas les prendre mais plutôt passer au prochain cycle de pilules sans faire de pause.
Elle devrait prendre la pilule contraceptive combinée pendant au moins 16 semaines et continuer jusqu’à 6 à 8 semaines avant la naissance du bébé, puis l’arrêter complètement. Cela signifie une période de 22 à 24 semaines au total.
La dompéridone augmente les niveaux de prolactine chez la personne qui induit une lactation, et nous recommandons de continuer à la prendre au moins jusqu’à la naissance du bébé et même après. En effet, il est probable que la prise de dompéridone aura besoin d’être poursuivie pendant toute la période d’allaitement. À quelle dose ? Nous débutons avec une dose de 30 mg (3 comprimés) 3 fois par jour, et nous augmentons parfois en deux étapes, d’abord avec une dose de 40 mg (4 comprimés) 3 fois par jour, et ensuite 40 mg (4 comprimés) 4 fois par jour, ou 50 mg (5 comprimés) 3 fois par jour (pour plus de commodité). La principale raison de ne pas prendre immédiatement la dose la plus importante est de prévenir les effets secondaires qui ne se produisent pas avec 9 comprimés (90 mg/jour), mais peuvent se produire avec 15 comprimés (150 mg/jour).
Les effets secondaires de la dompéridone peuvent être : une prise de poids, un mal de tête, habituellement léger et transitoire, qui ne dure pas plus de quelques jours, la bouche sèche. L’idée selon laquelle la dompéridone serait dangereuse si vous avez un quelconque problème cardiaque est insensée et est due à la désinformation faite par les fabricants de lait artificiel. La seule situation où la dompéridone peut causer des problèmes est si vous avez un allongement de intervalle QT sur l’électrocardiogramme, et un électrocardiogramme peut facilement être fait pour exclure un intervalle QT allongé. Si vous avez un souffle au cœur, si vous avez eu une chirurgie cardiaque, si vous avez de l’hypertension ou si vous avez d’autres résultats sur l’électrocardiogramme, ce n’est pas une raison pour éviter la dompéridone. Notre expérience avec des dizaines de milliers de patientes prenant de la dompéridone nous dit que c’est généralement un médicament très sûr.
Certaines femmes peuvent avoir des règles irrégulières avec la dompéridone, mais si elles prennent la pilule contraceptive combinée avec des niveaux bien élevés d’œstrogènes et de progestérone, cela ne devrait pas arriver. Si cela arrive, elles devraient consulter leur médecin pour s’assurer qu’il n’y a pas une autre cause au saignement.
Ndlr : Deux études ont rapporté un risque accru d’arrêt cardiaque subit et d’arythmie ventriculaire chez les personnes âgées (>60 ans) prenant de la dompéridone. Bien que ces études démontrent un lien potentiel entre la dompéridone est les problèmes cardiaques, elles ne peuvent pas établir un lien de cause à effet. En d’autres mots, les études ne démontraient pas que la dompéridone causait les problèmes cardiaques. Il est important de noter que d’autres facteurs, tels le sexe masculin, l’âge avancé, le tabac et les antécédents de maladie cardiaque, peuvent augmenter le risque de ces problèmes cardiaques. En outre, une étude rapportait que le risque de l’utilisation de dompéridone chez les adultes plus jeunes (<60ans) ne semblait pas associé avec un risque significativement plus élevé de problèmes cardiaques. Étant donné que les mères et les personnes qui allaitent sont majoritairement des femmes, sont jeunes et sont généralement en santé, l’utilisation de la dompéridone risque moins de les exposer à des problèmes cardiaques que les patients plus âgés. À travers le Canada, un grand nombre de femmes qui allaitent ont utilisé la dompéridone pour augmenter leur production et jusqu’à présent, aucun effet secondaire grave n’a été rapporté. nous jugeons que les bénéfices de ladompéridone chez les mères qui allaitent surpassent les risques potentiels. Pour cette raison, nous continuons de supporter le désir des mères et des personnes qui souhaitent offrir du lait humain à leur enfant. Actuellement, un grand nombre d’études ont établi les risques des préparations commerciales pour nourrissons, et ceux-ci dépassent largement les risques cardiaques potentiels et extrêmement faibles d’utiliser de la dompéridone à hautes doses pour favoriser l’allaitement. À la lumière des connaissances actuelles, nous continuons de considérer que l’utilisation de la dompéridone est sécuritaire chez les femmes qui allaitent et qui sont en santé. La décision de prendre un médicament devrait toujours tenir compte des risques et des bénéfices connus. Nous vous invitons à discuter de vos inquiétudes avec vos professionnels de la santé avant de cesser la dompéridone.
Quand la personne qui induit une lactation arrête la pilule contraceptive combinée, si c’est une femme, elle aura des saignements vaginaux rapidement. Cela ne devrait pas durer plus de quelques jours.
Une fois la pilule contraceptive arrêtée, la personne qui induit une lactation devrait commencer les séances d’expression pour stimuler la production lactée. Notez que les hommes peuvent produire du lait, l’approche est donc la même pour les hommes. En théorie, le rythme d’expression du lait (manuellement ou au tire-lait) devrait être le même que si le bébé tétait, mais dans les faits, la fréquence des tétées des bébés varie, et les personnes qui induisent une lactation travaillent souvent à l’extérieur et n’ont pas beaucoup d’occasions d’exprimer leur lait au travail.
Et si je n’ai pas 22 à 24 semaines avant que le bébé naisse ?
Ma préférence va à ne pas utiliser la pilule contraceptive, mais à prendre seulement la dompéridone. Le problème est que la pilule contraceptive va inhiber la production de lait, et donc recommander de continuer la pilule contraceptive jusqu’à ce que le bébé naisse, ou plus longtemps, ne va pas bien fonctionner. Donc, est-il possible de prendre la pilule contraceptive pendant 14 semaines, plus la dompéridone ? Peut-être, mais cela fait court.
Il y a une exception : si l’une des partenaires est enceinte et prévoit d’allaiter et que la partenaire non enceinte induit une lactation. Dans ce cas, la partenaire non enceinte peut continuer à prendre la pilule contraceptive même après la naissance du bébé pour augmenter le temps pendant lequel son corps va « penser qu’il est en cours de grossesse ».
Quand dois-je commencer à mettre le bébé au sein ?
Dès que possible après sa naissance. Dans beaucoup de juridictions, la personne qui induit une lactation peut prendre le bébé immédiatement après la naissance, dans la salle d’accouchement. Dans d’autres juridictions, ce n’est pas possible, mais la personne qui induit la lactation devrait informer le personnel hospitalier à l’avance que vous serez le parent de ce bébé et qu’ils devraient éviter de le nourrir avec un biberon. Un nouveau-né peut être nourri avec une cuillère ou une gobelet sans difficulté.
La mère qui a donné naissance au bébé devrait-elle lui donner le sein ?
Il y a certainement des avantages à ce qu’elle le fasse, pour elle comme pour le bébé. Celui-ci aura l’opportunité de recevoir exclusivement du lait humain (colostrum) pendant quelques jours ou même plus longtemps. Cela aidera également la mère qui a donné naissance au bébé à éviter un douloureux engorgement. Certaines sont heureuses de le faire, d’autres non. En théorie, la mère qui a donné naissance au bébé peut s’attacher au bébé si elle lui donne le sein. Cela n’a encore jamais eu lieu parmi les couples venus à notre consultation pour induire une lactation.
Vous et votre médecin de famille
Il est important que votre médecin sache que vous prenez ces médicaments, au cas où des effets secondaires apparaîtraient. Et, il est important qu’il sache que vous induisez une lactation, au cas où des effets secondaires de quelque sorte que ce soit apparaîtraient et pourraient être liés à l’induction de la lactation.
Une dernière chose
Certaines personnes n’ont utilisé aucun de ces médicaments et ont seulement mis le bébé au sein. Certaines ont produit du lait, parfois même tout le lait dont avait besoin le bébé, mais cela doit être rare. Si l’objectif est l’allaitement et non le lait humain, c’est une possibilité.