Introduction des aliments et DME

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Êtes-vous enthousiaste à l’idée d’introduire des aliments solides à votre bébé, ou appréhendez-vous le chaos potentiel de cette nouvelle phase ? Quelle que soit votre attitude, l’introduction des aliments solides représente souvent une étape significative dans la vie de votre enfant.

L’approche de l’introduction des aliments solides a évolué au fil des années ; comprendre ces changements peut vous aider à saisir pourquoi vos parents ou grands-parents peuvent avoir des expériences et des conseils différents à ce sujet. Pendant des millénaires, les parents ont simplement partagé leur propre alimentation avec leurs bébés lorsqu’ils manifestaient de l’intérêt. Le lait humain fournissait une nutrition complète aux bébés jusqu’à ce qu’ils soient prêts à explorer les aliments solides, ce processus étant généralement progressif et conduit par le bébé lui-même.

L’histoire de l’alimentation à la cuillère et des aliments pour bébés

Dans les années 1800, certains parents qui avaient besoin de compléter l’allaitement ou de le remplacer complètement fabriquaient des laits de substitution pour leurs bébés. Les médecins ont commencé à rédiger des « formules » ou des recettes à l’intention de leurs patients, indiquant les quantités de lait de vache, de sucre, etc. à mélanger et à préparer pour le bébé. Les préparations commerciales pour nourrissons ont suivi dans les années 1860 et sont devenues progressivement plus populaires.
Ces premières préparations pouvaient toutefois poser des problèmes. Au début des années 1930, trois pédiatres canadiens et un nutritionniste se sont inquiétés des nombreux cas de malnutrition qu’ils observaient chez les jeunes bébés. Ils ont créé le « Pablum », la première céréale transformée pour bébés, afin d’améliorer l’alimentation de ces derniers.
Le Pablum a connu un tel succès que de nombreuses autres entreprises ont créé leurs propres céréales transformées pour bébés. Les médecins ont commencé à recommander ces céréales pour des bébés de plus en plus jeunes. Bien entendu, en particulier pour les jeunes bébés, la seule façon de leur donner ces céréales était que la personne qui s’en occupait les introduise à la cuillère dans leur bouche (ou même directement mélangé dans le biberon). Dans les années 1970, certains médecins recommandaient de commencer à donner des aliments solides aux bébés dès l’âge d’une semaine, même si l’âge de six semaines était plus courant.
Et même si ces céréales ont été développées pour résoudre un problème rencontré par les bébés nourris à la préparation commerciale pour nourrisons, la plupart des médecins ont fait les mêmes recommandations pour les bébés allaités.

Même si ces céréales ont été initialement conçues pour répondre aux besoins des bébés nourris au lait maternisé, la plupart des médecins ont recommandé les mêmes pratiques pour les bébés allaités.

Alors que l’allaitement gagne en popularité, l’âge recommandé pour l’introduction des aliments solides a été repoussé progressivement à six mois. La Ligue La Leche a toujours préconisé de débuter les aliments solides « vers le milieu de la première année ». Pourtant, les rayons des supermarchés regorgent toujours de céréales transformées et de purées – des aliments destinés à être administrés à la cuillère dans la bouche du bébé.

Cependant, les recherches suggèrent que cette approche pourrait ne pas être la plus appropriée.

Pourquoi le timing et la méthode d’introduction des aliments solides sont-ils si importants ?

Des recherches ont révélé que les bébés initiés précocement aux aliments solides et ceux nourris avec des purées à la cuillère sont plus susceptibles de développer des habitudes de suralimentation à un jeune âge. Cette tendance peut persister tout au long de leur vie, quelle que soit la source de leur alimentation (lait humain ou préparation commerciale pour nourrissons). De plus, débuter par des aliments sucrés, comme les fruits ou certaines céréales transformées, peut entraîner une moindre appétence des bébés pour les légumes et autres aliments non sucrés par la suite.

Saviez-vous que si les aliments sont introduits trop tôt, ils risquent de remplacer le lait au lieu de le compléter? C’est un point essentiel que nous tenons à souligner. De plus, avant l’âge de 4 mois, le système digestif de votre bébé n’est pas prêt à recevoir autre chose que du lait. Un bébé de moins de 6 mois qui demande à téter plus souvent depuis quelques jours n’est pas nécessairement prêt à manger. Cela pourrait être dû à une poussée de croissance ou à un besoin passager de boire plus de lait.

Déterminer le moment optimal pour débuter l’introduction des aliments peut être un défi, mais cela reste faisable. Voici quelques signes qui indiquent que votre bébé est prêt :

  • Il atteint environ 6 mois.
  • Il peut s’asseoir sans assistance dans sa chaise haute.
  • Il contrôle bien sa tête et peut la tourner pour exprimer un refus.
  • Il peut avaler la nourriture au lieu de la repousser hors de la bouche.
  • Il peut coordonner le fait de prendre la nourriture et de la porter à la bouche.

Contrairement à une croyance répandue, le fait qu’un bébé consomme des céréales le soir ne garantit pas qu’il fera ses nuits. La qualité et la durée de son sommeil sont davantage influencées par son rythme biologique et son tempérament.

Chez les bébés prématurés, l’introduction des aliments suit le même processus que chez ceux nés à terme. Cependant, il est essentiel d’utiliser l’âge corrigé pour évaluer s’ils sont prêts.

Même si votre bébé n’est pas encore prêt à manger, n’hésitez pas à l’installer près de la table pendant les repas. Vous observer manger éveillera son intérêt pour les aliments et les repas en famille. N’oubliez surout pas que l’intérêt pour les aliments varie beaucoup d’un enfant à l’autre. Certains ont besoin de plusieurs essais pour s’y habituer, alors que d’autres les acceptent dès la première bouchée. Respectez le rythme de votre petit.

L’approche « guidée par le bébé » pour l’introduction des aliments solides

Il semble que la meilleure manière d’encourager des habitudes alimentaires saines chez les enfants, leur permettant de réguler leur propre alimentation, soit de laisser le bébé dicter le rythme dès le début. C’est ce qui se produit naturellement avec l’allaitement. Une approche similaire pour l’introduction des aliments solides est parfois qualifiée de « sevrage dirigé par le bébé ». Cela implique simplement de laisser les bébés se nourrir eux-mêmes ; ils choisissent les aliments parmi ceux qui leur sont offerts et déterminent la quantité qu’ils consomment.

Pour savoir si votre bébé est prêt à découvrir les aliments solides, il est important de rester attentif à certains signes. Habituellement, cette étape survient vers le milieu de la première année, mais cela peut varier légèrement d’un bébé à l’autre. Les bébés manifestent souvent leur intérêt pour la nourriture en tendant la main lorsqu’ils sont assis sur les genoux de quelqu’un pendant les repas, ou en observant attentivement les autres manger. C’est peut-être le bon moment pour lui offrir de la nourriture et voir sa réaction. Il se peut qu’il joue simplement avec la nourriture ou l’écrase sur le plateau de sa chaise haute, mais il peut aussi décider d’en goûter un peu. Laissez-le explorer à son rythme, sans précipitation.

Lorsque vous envisagez d’introduire des aliments solides à votre bébé, il est naturel de vouloir lui offrir les mêmes repas que ceux que vous partagez en famille. Cependant, il est primordial de veiller à ce que ces aliments soient préparés de manière sûre et saine. À ce stade, il est préférable d’éviter les aliments frits, ceux contenant du sucre et du sel ajoutés, ainsi que les viandes transformées. De plus, assurez-vous que les aliments ne représentent pas de risque d’étouffement pour votre bébé. Pour ce faire, vous pouvez découper des aliments comme les raisins en petits morceaux, râper des carottes et des pommes, et cuire les légumes comme les patates douces et les betteraves jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment tendres pour être manipulés par votre bébé.

En règle générale, les parents optent pour la présentation d’un seul aliment à la fois au début de l’introduction des solides. La raison en est simple : en cas de réaction de votre bébé à un aliment donné, comme une allergie par exemple, vous pourrez identifier facilement l’aliment responsable. Si les antécédents d’allergie dans votre famille sont rares, vous pourriez avoir moins besoin de prendre des précautions aussi strictes. Avec le temps, vous pourrez élargir la diversité des aliments proposés et offrir plusieurs options à chaque repas.

L’objectif principal est de permettre à votre bébé de choisir les aliments parmi ceux que vous présentez et de déterminer la quantité qu’il souhaite consommer. Évitez de le pousser à manger davantage ou à terminer son assiette. En lui laissant cette liberté de choix, vous établissez les fondements d’une alimentation autorégulée qui peut contribuer à prévenir le surpoids et l’obésité à long terme.

Et l’allaitement ?

Continuez d’allaiter comme vous le faites ! En règle générale, durant la première année de l’enfant,  l’allaitement sera privilégié avant d’introduire les aliments solides. L’objectif est d’ajouter des aliments sans pour autant remplacer l’allaitement. Avec le temps, les autres types d’aliments prennent une place plus importante dans l’alimentation. N’oubliez pas, cependant, que l’allaitement d’un bébé plus âgé dépasse le simple aspect nutritionnel. Votre bébé aura probablement besoin de téter pour se réconforter, s’endormir, se sentir mieux lorsqu’il est malade et renouer le lien après une séparation. C’est un processus tout à fait naturel et bénéfique.